Étoile des neiges…
L’hiver sera officiellement là dans trois jours. Voilà l’occasion de se (re)plonger dans l’histoire des sports d’hiver. Riche en rebondissements, elle s’est écrite à la fin du XIXe siècle entre la Suisse et la France, chaque pays entretenant depuis jalousement ses avancées en termes de neige.
La naissance des vacances d’hiver tiendrait à un pari. Celui lancé par le directeur d’un hôtel de Saint-Moritz à ses clients anglais sur le départ après un séjour estival. Johannes Badrutt les convie à revenir durant l’hiver de manière à profiter du soleil sur la terrasse de l’Engadiner Kulm – si le beau temps n’était pas là, l’hôtelier s’engage à rembourser le séjour. L’histoire ne dit pas si ce fut le cas, mais les touristes revinrent bel et bien et la saison 1864 marqua le début du tourisme hivernal. Les plus illustres personnalités succombent au charme des Grisons : Proust, Nijinski, qui y exécute sa dernière danse en public, ou encore l’Aga Khan. La salle du grand restaurant de l’hôtel est éclairée à l’électricité dès 1878 et les activités se multiplient, luge – les courses de Davos sont renommées –, patinage, bobsleigh, curling et, bien sûr ski.
Venu des pays scandinaves, le ski remonterait au IXe siècle avant notre ère. Des peintures rupestres du Néolithique, ainsi que des skis fossilisés, confirment son utilisation pour la chasse. Adopté par les militaires, il contribue au XVIe siècle à la libération de la Suède, alors envahie par les Danois. L’événement est d’ailleurs commémoré chaque année lors de la « Vasaloppet », l’une des plus longues courses de ski de fond frôlant les 90 km. Après les soldats skieurs finlandais et norvégiens, c’est au tour des Français de laisser leur empreinte. Le capitaine François Clerc, en garnison au 159e régiment d’infanterie alpine de Briançon, équipe ses hommes de skis. À la veille de la Première Guerre mondiale, 5 000 hommes auront ainsi été formés, composant les premiers bataillons de chasseurs alpins. Chamonix accueille en 1932 l’école de haute montagne (EHM), première école au monde de formation des cadres des troupes de montagne.
Tissés au tout début du XXe siècle, les liens entre Chamonix et le ski se confirment en 1924 avec les Jeux internationaux de neige réunissant 294 concurrents de 18 pays – y compris des femmes portant culottes, ce qui fait couler beaucoup d’encre. La même année, Noémie de Rothschild lance Megève, présenté comme « un Saint-Moritz à la française ». Le luxueux hôtel du Mont d’Arbois offre spa, patinoire et navette emmenant les hôtes sur les pistes. Un téléphérique voit bientôt le jour – les puristes qui montent à peau de phoque ne cachent pas leur dédain. La mécanisation est en marche, adoptée par Chamonix et le Mont-Revard. C’est là qu’est créée l’école de ski français, harmonisant les diverses techniques enseignées à Tignes, Morzine ou Pralognan. C’est aujourd’hui la plus grande au monde avec 250 bureaux et 17 000 moniteurs répartis sur les 5 massifs de France et leurs stations légendaires, Val d’Isère, Courchevel, Méribel, Saint-Véran ou encore l’Alpe d’Huez et la Sarenne, la plus longue piste noire d’Europe. Sans oublier les pistes vosgiennes, Gérardmer et Schnepfenried, les Estables dans le Massif Central, Font-Romeu, Gavarnie et Cambre d’Aze dans les Pyrénées.
À vos bâtons !
Gabrielle de Montmorin